Travail forcé dans la région Rhin/Neckar - un projet de l'école intégrée de Mannheim (IGMH)

      


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Camp Heidelberg -Pleikartsförsterhof

 

   




Robert Fréard


Né  1926
Habite à Raon l'Etape


Travail forcé dans l'usine Grau-Bremse Heidelberg- Pfaffengrund
Camp: Pleikartsförsterhof

 

         Robert Fréard dans sa maison

   

 

Déportation novembre 1944

En marchant de Raon l'Etape jusqu'à Héming je me souviens d'un bombardement des Américains. C’était au carrière de Brémenil. C’était formidable, on regardait passer dans les villages, on leurs  cria tous : « Cachez-vous, sauvez-vous ! » Ils ne comprenaient pas. C’est fou, ça. Et c’était au carrière de Brémenil, les obus sont tombés à 50 mètres de nous. Chaque fois quand je passe là je vois le bombardement…

 

 

 

C’était surtout la Wehrmacht qui nous gardait.
On allait à pied jusqu'à la gare de Heming, mes souliers étaient déjà démolis.
C'était particulier: on était trié à l'ancienne université (= Marstall).  pour une usine: Grau-Bremse. On était entre sept et neuf chez l'usine Grau, un petit comando si vous voulez.

   

 

Camp dans une maison de l'hameau de Pleikartförsterhof

Moi j'ai été chez Grau Bremsenfabrik à Pfaffengrund et j'habitait à Pleikartsförsterhof, un tout petit hameau là.
On était dans une maison particulière qui appartenait à une Mme Crone dont le fils, je crois, était docteur. J'ai revu cette maison après, elle était très bien transformée.
Mais on était très peu surveillé: on était dans cette maison particulière. Mais on dépendait un peu du comando des prisonniers qui se trouvait dans le café à Pleikartsförsterhof.  Il y avait un café sur place, sur la place du hameau. Et le propriétaire du café était en même temps un peu responsable du comando de prisonniers qui vivaient dans une baraque construite dans la cour du café.
Ces prisonniers..., il y en avait beaucoup qui travaillaient avec nous dans l'usine. C'est ailleurs eux qui nous ont montré le chemin pour aller travailler. On allait à pied, on traversait la voie ferrée et puis on arrivait à Pfaffengrund, il y avait des cités là , avec un bassin certainement contre les incendies, et puis ensuite on traversait la route qui venait de Heidelberg pour aller à l'usine qui se trouvait en face
Dans la petite maison on avait un petit fourneau à un trou et puis un petit gaz dans la cuisine au rez-de-chaussée tout prêt chez la brave dame.Et pour chauffer, je vous le dit, on a arraché tous les piquets  de clôture qu'on trouvait le long du chemin de fer. Et puis on a démoli toute la clôture du stade de Kirchheim.

 

 

Pleikartsf-Quartier 1

Le logement des travailleurs forcés de l'usine  Grau-Bremse se trouvait dans la deuxième étage de cette petite maison.

 

Mais c'était séparé, on était entre nous. On entrait après il y avait quelques marches, à la gauche était les deux  pièces de la brave dame, à la droite il y avait notre cuisine, et  on montait l'escalier... Mme Crone, cela veut dire „couronne“, le prénom je ne sais pas.


Quand je suis retourné, c'est une vingtaine d'années, la maison était transformée, très modernisée, le jardin était tranformé en jardin d'agréement.

 

   

Le travail dans l'usine


On fabriquait des éléments pour des chemin de fer, des coquilles d'assemblage pour les freins des waggons, et puis alors également des dispositifs pour les freins.
Notre petit groupe là, on était dispersé à l'usine. Il y avait beaucoup de prisonniers français, des Parisiens, des gens du nord de la France qui tenaient d'ailleur un peu le règne de l'usine: C'étaient les spécialistes, c'étaient ceux qui affûtaient les outils, enfin ils étaient des spécialistes et il n'avait pas pratiquement plus des Allemands.
On travaillait de faction, la nuit ou le jour une semaine et les douze heures avec un petit arrêt p  our manger.
Moi j'était le responsable de notre petit comando, je parlais un tout petit l'allemand que j'avais appris à l'école et on m'avait nommé responsable de ce petit groupe. J'avais 19 ans.

 

 

Ce que m'a frappé: ils venaient travailler avec nous des déportés politiques, je ne savais pas ce que c'était, puisque je les ai vu avec leur camisol rayé là. Ils ne mangeaient pas [avec nous], ils étaient parqués dans un – au moment de repas avec les gardes. On ne savait pas de tout..., c'étaient des Français comme nous. C'était dans l'usine, je ne sais pas de quel camp il venaient. Il avait même un qui  m'avait demandé une carte de boussole, il a réussi de me demander ça, mais je n'ai absolument pas compris.
C'était un tout petit groupe.C'étaient des prisonniers  politiques, moi j'ai parlé avec un seul.-
Il y avait aussi des Russes avec nous
Mais on nous a traité en toute franchise. Au niveau du dossier de l'indemnisation je n'ai rien fait...En toute franchise on n'a pas été maltraité.

   

L'alimentation
L'alimentation était très particulier parce qu'on mangeait une fois par jour dans la cantine, et sur cinq jours de la semaine seulement.  On mangeait à peu près à volonté, ce n'était pas extremement important, si vous voulez. Mais je n'ai pas eu très faim, non.
Q: Vous avez eu des ticket?
Ecoutez, les Allemands n'étaient pas fous dans le fond, les gens de l'usine. Pour qu'on travaille ils nous donnaient pas de nourriture puisqu'on avait le --- par semaine, ils donnaient de l'argent pour qu'on puisse s'acheter... J'ai eu un salaire, pas important naturellement.
Et avec l'argent on pouvait aller avec le train. On était libre, j'avais un „Ausweis“. J'ai été arrêté une fois par des gendarmes qui m'ont demandé mon „Ausweis“ et c'est tout.

Ausweis

Werkausweis de Robert Fréard, (la carte d'identité de l'usine)

 


 Le chef du personel m'a donné des tickets de groupe et il fallait aller faire des courses le soir. Quand je sortais de l'usine à six heures du soir, il faisait toute nuit, c'était le mois de novembre, c'était la défense passive, le Luftschutzraum... et je ne savais rien du tout, absolument rien, et très peu la langue.
 Et alors j'ai trouvé une dame française d'une quarantaine d'année qui était la maîtresse d'un officier allemand qui était parti et travaillait avec nous. Pendant huit jours elle demandaait dans tous les commerce pour faire les courses. Elle faisait les courses, ramenait la marchandise, puis je la partageait aux copains le soir, puisqu'il fallait manger, il fallait souper les soirs.

 

Les vêtements
Alors les vêtements -, c'était terrible. Je suis parti avec un chemise, un pullover, un vieux manteau et puis une pair de botte, et des chaussettes. La  pair de bottes a troué pendant la marche à pied qu'on a fait quand on est parti, donc j'etais trempé. Ensuite, naturellement on voyait qu'on avait, les chaussettes étaient fichus. J'ai coupé les bouts de manches de mon chemise pour faire des chaussettes pour les pieds.
Et alors les Allemands nous avaient livré des „Holzschuh“. Alors là, c'était terrible parce que là dedans on avait des pieds brûlants, c'était une supplice [Qual], vraiment les pieds en feu.
Au bout de quelques semaines on a touché un bleu de travail. Mais il fallait le payer, je crois qu'il faisait  20 mark -, alors on n'a pas d'argent! Alors les prisonniers qui étaient dans l'usine, tous faisaient une mauvaise tête... Je m'ai demandé ce qu'il y avait. J'ai rencontré leur chef dans le wc de l'usine.Et puis j'ai dit: „Qu'est-ce que vous avez?“ Il m'a dit: „ Ecoutez! Vous êtes des collaborateurs! Vous aidez les Allemands!“ Alors -,  j'avais dans mon portemonnaie des tracs que les Américain nous avaient lancé par obus. Ils étaient brûlés aux coins. Et j'ai montré ces tracs aux prisonniers-  ---  Ils nous ont déportés!“ Donc j'ai donné la preuve. Le lendemain il y avait des tickets, il m'a donné de l'argent et j'ai pu acheter les bleus.

 

Ce qui m'a fait le plus mal...
 
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Ce qui m'a fait le plus mal, qu'on était des nomades, reconnus par personne, totalement ignorés, sans rapport avec notre familles, sans savoir ce qui se passait chez nous . Alors ça était un peu dur. On n'a pas su absolument rien, par contre on a eu des copains qui se sont évadés, je crois il en a eu quatre. Si l'on a eu quelques nouvelles de Raon, tout à fait indirectement... 
Quand on est parti il y avait quelques miliciens français qui sévissaient à Raon; ils ont d'ailleur assisté à l'arrestation du maire, et – on les a retrouvé dans un bistro à Kirchheim...ça c'est fou. On n'a fait aucune chose...on ne pouvait faire rien....
Puisqu'avant de notre arrestation il y avait des problèmes de maquis. Les miliciens et la gestapo ont tué le maire de Raon.

   

.Les contacts avec des Allemands. 

Le village de Baiertal

De plus, les dimanches on allait au pommes de terre chez les paysans. On avait découvert un petit pays qui s'appelle Baiertal, c'est près de Wiesloch. On partait au train. Et dans ce pays on était accueilli, et alors ça, c'est extraordinaire: on était accueilli par le maire du village, - c'est fou, hein? Qui nous offrait le café au lait avec le pain blanc, un p--- et une petite saucisse
Q: C'était une fois?
Non c'était presque tous les dimanches quand on pouvait aller... Et des pommes de terre dans les fermes. C'étaient les prisonniers français qui nous les donnaient.


Je ne peux pas me plaindre de l'état d'esprit de la population allemande là, sauf quelques jeunes nazis qui ont levé la tête quand il y avait l'offensive des Ardennes. Pendant le mois de décembre 1944 la population se montrait  à nouveau un petit peu méprisante envers nous. Mais cela ne durait pas longtemps.
Vraiment, j'ai rencontré une vieille là qui m'a donné de la graisse, qui m'a donné du saindoux et puis... Ils cultivaient du tabac par là. Et quand j'ai demandé qu'il y a à payer, elle m'a dit: Dieu me  le rendra. J'ai découvert aussi une boulangerie: On avait le double de notre ticket de pain.

   

 

Libération

 Quand les Américains sont venus ils nous ont presque plus maltraités que les Allemands: On était heureux de les voir arriver, on avait des drapeaux blancs. Et ils nous ont embarqués avec leur jeeps. On est rentré à Kirchheim avec les Américains.

Après l'arrivée des Américains on a passé quinze jours dans une caserne allemande, on avait plus faim que tout le temps avant. Cette caserne était à Heidelberg ou dans la région de Heidelberg et on a été rapatrié par Mannheim.

 

Le papier du repatriment

   

 

 

 

 

 

 

André Bayard

 

 

 

 

 

 


né 1926 à Baccarat
habite à Deneuvre près de Baccarat

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le rafle
C'était le front..., tout près de Baccarat. Les Allemands nous dirigeaient à Pexonne, dans ce coin là. On était évacué avec la famille à Pexonne. Ma mère et ma soeur m'ont vu passer dans la colonne en partant...Les Allemands commandaient et il fallait  écouter. On n'avait pas d'autre solution, celui qui pensait de s'evader..., moi, je ne le conseillais pas. On ne savait pas où on allait.

 

   

Heidelberg Grau -Bremsenfabrik

A Heidelberg la fabrique où je travaillais se nommait „Bremsenfabrik“. On faisait du matériel de tournage, exactement pour vour dire que c'était pour des camions, je crois. 

Mais je n'étais pas vraiment un tourneur.Cela n'était pas un travail dur spécialement, mais ca faisait quand même douze heures par jour, douze heures par jour et douze heures par nuit.
Le traitement par les Allemands... je ne peux pas dire mal, c'est tout. Et autrement, moi j'ai fait le boulot... Ils nous nourissaient pour faire le travail.
Les vêtements... Il y avait des bleus qu'ils nous donnaient pour le travail. Et les souliers on les nous réparait. On nous indiquait un cordonnier et puis il réparait les souliers.On avait assez de manger, on se débrouillait, on avait un repas à la cantine, une fois par jour à la cantine, plus un petit casse-croûte qu'ils nous donnaient.

Q: Vous avez visité Heidelberg aussi à l'époque?
On était libre, mais il n'y avait pas beaucoup de temps, le dimanche peut-être, vous savez... On n'avait pas de loisir.
C'était plutôt pour notre condition de manger, et pour le logement aussi. Il fallait se débrouiller un peu pour se chauffer. Il y avait un peu de charbon qu'on touchait.On cherchait à manger chez les paysans. Il y avait un village un peu plus loin, on y allait à pied, et là les paysans nous donnaient des pommes de terre, un morceau de lard aussi des fois même, un café au lait on prenait là sur  leur table. Ils ne nous faisaient pas payer.Ah bien les choses contrastaient, on a souffert plus qu'en France...j'étais seul, la famille, tout le monde était dispersé...Au moment là j'avais 19 ans...j'avais travaillé déjà dans une usine. Les choses n'étaient pas simple, en France non plus, mais j'ai trouvé plus de malheur en Allemagne.