Travail forcé dans la région Rhin/Neckar - un projet de l'école intégrée de Mannheim (IGMH)

  


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Camp Leimen

 

 

René Fixaris

 

 

 

Né 1924
Il habitait en 1944 chez ses parent à Fenneviller près de Badonviller


Travail dans la cimenterie de Leimen


Camp: une baraque au terrain de l'usine

 

 

 

René Fixaris à Fenneviller 2005

 

 

Mémorial à  Pexonne avec les noms des hommes déportés du village qui ont péri dans les camps de concentration.

 

 

Avant le rafle
J’habitais à Fenneviller chez mes parents. Mon père a travaillé dans la fayencerie de Pexonne. Pendant le grand rafle en septembre 1944 qui menait dans les camps de concentration tous les hommes de Pexonne, ils voulaient déporté mon père aussi.
Dans la guerre de 1914 il était soldat de la Reichswehr, il parlait très bien l'Allemand. Donc il  a entendu en avant du rafle, de la déportation. Il s'est caché dans la fayencerie et les Allemands ne l'ont pas trouvé.

Le rafle du 7 novembre

Q La déportation a commencé à Pexonne?
Oui, on était dans l’église de Pexonne, j’étais avec mon père, mon père était rammassé aussi. Il était soldat dans la Reichswehr 1914, il parlait bien l’allemand, et il voulait aller à la forêt.
J’ai été raflé à Pexonne, dans l’église là, et puis à l’école de Badonviller, de Badonviller on est parti à Cirey s Vézouse, et de Cirey on est parti à pied sur Héming, là on a été embarqué dans le train.
Q: Qu’est-ce qu’était votre profession à ce temps?
J’étais occupé dans un bureau à Blâmont, j'étais comptable.

 

Transférés à Heidelberg

On était longtemps en route, parce qu’il avait des lignes coupées, c’était long, on est roulé sur Saint-Avold, et puis on a traversé le Rhin entre Mannheim et Ludwigshafen, c’était un pont provisoire un pont bâton.
Debarquement à la gare: „Rechts um...“ et on était mis dans une école, un bâtiment comme une grand école. Ils ont trié, ceux qui sont partis en forêt, pour les paysans, et nous on est parti dans l’usine.
La repartition a eu lieu comme pour la marché des bestiaux: une étiquette accroché à la veste: Destination camp Leimen, cimenterie.

 

 

Le camp
On logeait dans des baraquements avec des châlits, châlits à haut, ldes lits d'étages. Oui c’était dur à la longue.

Q: Comment la chambre était installée?
Il n’avait pas de table et pas de chaises comme je crois. On était assis toujours sur le châlits. Il y avait un petit poêle, c’était un peu chauffé...
 Le chef allemand, je ne sais plus comme il s’appellait, celui qui se paradait toujours avec la croix gammée. Il nous faisait sortir de la barraque...
C’était entouré d’une clôture de beton, les baraquements étaient  là, le bunker était là, il y avait un talus,  une route, et puis il y avait l’usine au-dessus. C’était de grands barraques, peut-être cinq ou six.
Q: Est-ce qu’il y avait des gardiens au camp?
Il y avait le chef du camp là, c’était un hitlérien. Il avait un brassard  avec la croix gammé sur le bras. On l’appelait le Sau(?), je ne sais pas si c’est son surnom ou son nom, je ne peux pas le dire.

 

 

 

Quand on avait le temp on jouait aux cartes, mais moi je ne jouait pas beaucoup. On allait quelques fois, au fond de l’usine il y avait des douches. Il y avait de gros poêles à coke et ils donnaient de l’eau chaude, on se pouvait laver là.
Q: Il n’y avait pas de la vermine?
Non, je ne pense pas, on n’avait pas de poux.
Q: Vous avez travaillé tous les jours?
On n’a pas travaillé le dimanche, le dimanche on se débrouillait, on jouait aux cartes. On restait à la baraque...
Q: Et l’alimentation...
L’alimentation? C’était la guerre: Rüben, Rüben. Il y avait une cantine...
,Mais il y avait des prisonniers de guerre qui nous donnaient des Kartoffel.. On les mettait sous les châlits et puis après on les faisait cuir sur notre fourneau, il y avait donc quelque chose, mais je ne me souviens pas exactement.
Le matin on avait du pain, Kommissbrot, et un peu de confiture, et le midi le repas chaud et aussi un espèce de Fett. c’etait dans l’usine.

 

Arbeit
J’ai été déporté à Leimen, c’était la cimentérie. J’y étais tout le temps jusqu’à la libération par les Américains.
C’était dur, on travaillait de nuit. On faisait des tourelles sur des wagons plateformes pour y mettre des pièces aux SER, contre les avions.
Q: Est-ce que vous avez eu des vêtements de l’usine?
On avait des chaussures avec des semelles en bois. Et puis j’avais réussi d’avoir une culotte.
Je connaissais un Allemand qui était de derrière Strasbourg Bernoneimann, j’ai lui disais: „Jch will nicht mehr schaffe.“
Il me disais: „Dann kommen Sie ins Lager!“ Je ne savais pas qu’il y avait des camps de déportés. C’était notre chef, il s’occupait de nous personellement, surtout de ceux qui étaient dans les barraquements. Il y avait des Russes, des femmes ucrainiennes, des Italiens du parti Badoglio, tous dans le même arréal, me pas dans la même barraque.
Il y avait plus d’étrangers que des Allemands, l’usine tournait presque tout à fait par des étrangers.

A l’époque j’avais 19 ans et j’avais un petit avantage: „Ich hab ein wenig Deutsch können sprechen.“
Mais je n’ai pas fait l’interprète. Et avec ça je n'ai pas travaillé beaucoup dans l'usine..Moi j’ai été affecté au baraquement, on faisait le baraquement, je faisais le soin de la baraque.

Et parce que beaucoup de ce gens là savaient que je travaillait au bureau que j’avais l’habitude d’écrire. Alors ils m’ont dit: „Fais la liste, vas-y!“

 

 

René Fixiaris a écrit cette liste à Leimen:
Camp de la cimenterie Leimen, "chambre 68"

 

Extrait de la liste:

                                                                                                 

 

Déblayer les rues

Il y en a eu, l’hiver 44/45 avait énormement de neige. Certainement on a souffert du froid quelquefois.
On allait pour dégager les routes à Leimen. Et on allait une fois à la suite d’un bombardement, ils avaient bombardé une gare pas tellement loin de Leimen. On allait... dans le secteur de..., il y avait un usine de produits chimiques. L’usine était brûlée.
On nous a emmenés encadrés naturellement pour réparer la ligne de chemin de fer.
Q: C’était peut-être Bruchsal?
Bruchsal peut-être, oui.
Ils nous avaient amenés quelquefois pour dégager les routes. C’était froid là. C’était à Leimen et on allait aussi jusqu’à Neckargemünd, Neckarsteinach pour les dégager. On y allait à pied, c’était un travail dur, je me rappelle


La Libération
On a été libéré par les Américains le 31 mars. On pensait se cacher dans l’usine. On s’était sauvé du barraquement. Il y avait eu quelques obus qui tombaient au-dessus. La cimenterie avait des tunnelset  on était dans les tunnels. On a sorti et on était plein de ciment.
Puis les Américains nous ont rassemblés à Heidelberg. Quant on est arrivé à Heidelberg on a été rapatrié par de jeeps américains. Moi je suis parti sur St.Avold. A Heidelberg on était dans une école, c’était libre.

 

 

 

Les contacts avec les autres étrangers et les Allemands
Quelques fois on réussi à faire sortir. Il y avait des prisonniers français qui étaient plus accoutumés. C’était un peu leur ville et quelques fois ils nous disaient: „Tu viendras, on ira à la salle à côté. On boira du Moscht.“
Mais normalement on était enfermé dans le terrain de l’usine. Ma fois, on savait sortir quand même...
Q: On n’avait pas des contacts au paysans...Le dernier, vers la fin, on réussissait d’avoir des pommes de terre, Kartoffel, on pas réussissait pas d’avoir autres choses. On se débrouillait après, en dernier on connaissait un peu la routine alors. Mais il fallait se prévoir, parce qu' il y avait, la chose qu’il y avait souvent qu’il s’appellait les chasseurs bombardiers. Ils sont venus à plusieurs reprises sur l’usine. Et il y avait des „Bunker“. Chez nous à la fabrique ils avaient plusieurs fois bombardé, mais c’étaient les petits chasseurs, ils tiraillaient.
Il y avait beaucoup d’alarmes, toujours, on n’était pas loin de Ludwigshafen et Mannheim, parfois on entendait. On allait au bunker, mais souvent le bunker était plein: „C’est plein, sortez!“ Ils nous laissaient en dehors par terre.
En dernier nous avons eu des contacts avec la population. Oui les dernier jours, on allait même au coiffeur
Quelque fois on a réussi de se procurer quelque chose chez les habitants..., pas souvent. On n’était pas malheureux, mais on n’était pas libre comme dans des autres équipes vosgiens.
Dans ce groupe qui était dans une usine entre Leimen et Heidelberg, Fuchs Wagonfabrik, il y avait un qui travaillait au cimetière. Il était boulanger de profession. A l’époque on faisait l’incinération, et puis il faisait le four, il chauffait pour l’incinération comme boulanger. Il es revenu, c’est M.Cotel d’Ancerviller.

   

 

 Bernard Guéry



Né 1926 à Neuviller lès Badonviller


Travail forcé dans la cimenterie de Leimen, puis des travaux de déblaiement à Cologne


Profession après 1945: vétérinaire

   
 

Je suis débarqué à Heidelberg et puis très vite on m'a amené trois semaines après.
Alors je ne saurais vous dire quelque chose de Heidelberg. J'étais à la cimenterie de Leimen. Nous étions une trentaine ou une quarantaine là.
F: Mais ce n'étaient pas des Raonnais?
Non, non. A l'époque là j'ai habité à Neuviller lès Badonviller, près de Badonviller, et c'étaient des gens de là qui étaient avec moi.

 

 

 

 

 

 

Mais très vite j'ai été séparé d'eux parce que je suis parti à Cologne. Je suis parti à Cologne faire des tranchées, déblayer les routes etc. Je ne sais pas pourquoi, j'étais puni, je n'avais rien fait.
F: Que vous avez quitté Leimen, c'était une punition?
Je crois, mais je n'ai pas su pourquoi.
F: C'était vous seul qui est déporté de Leimen à Cologne?
Non, il y avait d'autres gens, mais des gens que je ne connaissais pas, qui n'étaient pas de Neuviller mais peut-être de Raon l'Etape.
J'ai été d'abord près de Cologne à Hersal, il y avait un comando de travail, et nous allions à pied et dans le train. Nous étions dans une usine de Hermann-Göring- Bau. J'ai fait des travaux de déblaiement, de retirer des bombes qui étaient tombées sur la routes et pas éclatées. On a fait des choses comme ça.